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journal du Pays Yonnais du 12 mai 2005

 

 "On a plus de défis à relever" Voilà plus de 12 ans que Rosa Maria Léauté a lancé son "atelier de couture". A force de détermination, elle a réussi son pari de créer son  entreprise, mais ce ne fut pas facile. Créer sa propre entreprise, c'est toujours un défi a relever. C'est exaltant, mais jamais facile. Qui plus est quand on est une femme. Rosa Maria Léauté sait de quoi elle parle. Voila près de treize ans qu'elle s'est mise à son compte.

 Originaire du Pérou, elle arrive à La Roche-sur-Yon en 1977, parce que je me suis marié avec un Vendéen, confie-t-elle en souriant. J'avais déjà obtenu un diplôme de couturière à Lima, mais je n'ai pas travaillé tout de suite. Il fallait d'abord apprendre la langue, s'adapter au climat. Et puis j'ai eu deux enfants dont il fallait s'occuper. Malgré tout, elle ne tarde pas à enchaîner plusieurs contrats à durée déterminée dans des boutiques de la ville. Pas question de lâcher un métier qu'elle "a toujours aimé" . Et pourtant, à l'époque, au début des année 80, il n'y avait pas d'avenir dans la couture. Beaucoup d'usines fermaient.

 Des Préjugés tenaces Mais Rosa Maria persévère. A la fin des années 80, elle décroche un mi-temps dans un atelier thérapeutique. "Cet atelier fabriquait des poupées chiffon et faisait travailler des personnes handicapées. J’étais là pour encadrer les employés handicapés". C'est à ce moment que l'envie de s'installer à son compte commence a germer. Mais les préjugés ont la vie dure : tout mon entourage m'incitait à ne pas le faire. On me disait : déjà, des hommes essayent de s'installer et ça ne marche pas. Alors une femme !"

 Heureusement, d'autres personnes l'encouragent. A un moment, je me suis rendue à l'ANPE, décidée à faire autre chose. Heureusement, un conseiller m'a dit : non, il ne faut pas changer. La couture c'est votre truc." Le directeur de l'atelier thérapeutique la motive également. Il m'a dit de m'installer à mon compte, que l'atelier continuerait à sous-traiter certains travaux avec moi"

Rosa Maria Léauté finit par se lancer. Elle suit un stage à la chambre des métiers, afin d'apprendre comment gérer une entreprise. On vous parle des charges, comment cotiser... je me souviens, tout le monde avait peur en entendant ça. Et moi au contraire, je me suis dit que j'aurais dû le faire depuis longtemps"

 Elle commence en 1992, en lançant "L'Atelier de Couture"". A cette époque , elle travaille chez elle, a La Roche-sur-Yon. Elle confectionne des vêtements sur mesure et fait des retouches pour des particuliers et des boutiques. "J'ai eu du travail assez vite.Le bouche à oreille a bien fonctionné". Rosa Maria Choisit alors son panel de compétences.

Elle s'inscrit dans la première section ouverte par la Chambre des métiers pour passer le brevet de maîtrise. Au bout de trois ans, elle l'obtient. C'est d'ailleurs la première femme en Vendée à le décrocher.Pour autant, elle tient à rester au goût du jour des évolutions de son métier. Je fais de la formation continue, a travers des stages qui se déroulent toute l'année sur différentes techniques".

 En décembre 2001 elle passe un nouveau cap, et s'installe dans un local, rue Pasteur à La Roche. C'était un nouveau défi. Il y a plus de frais que lorsqu'on travaille chez soi. C'est un nouveau départ. Et puis je voulais couper entre mon travail et ma vie de famille". Et au bout du compte, ça marche. L'Atelier de Couture fonctionne bien.

Rosa Maria Léauté commence même a envisager d'engager quelqu'un, elle toujours travaillé toute seule.

Plus de défis à relever pour une femme que pour un homme.

En regardant dans le rétroviseur, elle s'aperçoit tout de même que ce n'est pas facile de se lancer, quand on est une femme. "il y a d'abord les difficultés de chef  d'entreprise. Le plus compliqué,c'est de savoir donner la bonne valeur à son travail : ne pas se sous estimer, ni se surestimer". A cela s'ajoutent les tâches familiales. Heureusement ma famille m'a soutenue. Mon mari, qui pourtant au départ n'était pas pour, m'a toujours aidé depuis que je me suis lancée, notamment dans toutes les démarches administratives.

Aujourd'hui, il me dit tout le temps qu'il n’aurait pas pu faire ce que j'ai fait". Ceci dit toutes les femmes chefs d'entreprises n'ont pas cette chance : j'en connais certaines à qui les banques font moins de crédit. D'autres doivent faire face aux remarques de leur entourage comme : tu négliges ta famille"

 

Malgré tout, les temps changent, et les mentalités aussi. Aujourd'hui, je pense que c'est plus facile pour une femme de créer son entreprise, même s'il reste un peu de regards négatifs. Il y a toujours plus de défis à relever pour une femme que pour un homme, quand on souhaite créer son entreprise. Le plus dur ça reste de conjuguer la gestion d'une entreprise et continuer à s'occuper de sa famille.

 

Écrit par Nicolas Evanno, le jeudi 12 mai 2005 dans Le Journal du Pays Yonnais.